C’est de l’ingénierie du plus haut niveau

Texte: Daniel Schriber Photos: Chris Iseli, 4 Min durée de lecture
C’est de l’ingénierie du plus haut niveau

Gianluigi Culturi et Mattia Dal Pozzo ont l’air un peu fatigués, mais contents. Ce mercredi d’automne où nous avons rencontré ces deux Italiens peu après 14h, ils venaient tout juste de terminer une journée de travail de huit heures. Gianluigi Culturi (51 ans) et Mattia Dal Pozzo (29 ans) collaborent à l’un des projets de construction les plus impressionnants de notre époque. Ils creusent actuellement un deuxième tube dans le Saint-Gothard aux côtés de centaines d’autres tunneliers (voir encadré).

«Ce qui me manque le plus, ce sont mes enfants»
Bien qu’il travaille chaque jour dans le bruit, la poussière, le béton et l’obscurité, Gianluigi Culturi ne pourrait guère imaginer de meilleur métier. D’ailleurs, il n’en connaît pas d’autres: il travaille dans la construction de tunnel depuis 30 ans déjà. «Le travail est dur, mais il me plaît.» Pouvoir participer à des projets d’envergure comme celui du Saint-Gothard le remplit de fierté. Pour cela, il est également prêt à accepter d’être séparé de sa famille régulièrement. Il montre avec fierté les photos de ses enfants et de sa petite-fille, qui sont accrochées dans sa chambre. Les deux ouvriers restent à chaque fois cinq jours en Suisse, puis rentrent chez eux pour y passer leurs deux jours de repos. «Ce qui me manque le plus, ce sont mes deux enfants», affirme également Mattia Dal Pozzo.

Le bâtiment sera entièrement démantelé en 2032

Trois bâtiments portant le nom des sommets uranais Galenstock, Rhonestock et Dammastock servent d’hébergement temporaire aux ouvriers au niveau du portail nord à Göschenen. Gianluigi Culturi et Mattia Dal Pozzo ont leur chambre au deuxième étage du bâtiment Dammastock, le plus grand des trois, où logent encore 98 autres ouvriers. «Je me sens très bien ici», explique Mattia Dal Pozzo tout en nous faisant visiter sa chambre individuelle. Bien que la pièce de 14 m2 ne soit pas particulièrement grande, elle a l’air confortable et chaleureuse. Et c’était exactement ça aussi l’objectif de l’entreprise de construction Swiss Property, qui est en charge du projet Breiti en collaboration avec le célèbre bureau d’ingénieurs Pirmin Jung. «Ceux qui habitent ici travaillent chaque jour d’arrache-pied dans la montagne. C’est pourquoi nous avons délibérément créé des pièces au facteur bien-être élevé et à l’atmosphère conviviale», précise Manuel Vogler, Head of Design chez Swiss Property.

Afin de parvenir à un développement architectural durable à Göschenen, l’Office fédéral des routes (OFROU) a organisé un concours d’architecture en amont du projet. La proposition de Swiss Property a convaincu le jury, notamment par son mode de construction modulaire particulièrement efficace. Et cerise sur le gâteau: le bâtiment pourra être entièrement démonté à la fin du projet du Saint-Gothard en 2032, transporté et remonté sur un nouveau site.

Enfin, c’est l’entreprise de construction bois Blumer-Lehmann de Gossau qui a mis en oeuvre le Dammastock en tant qu’entreprise générale. La construction modulaire en bois se compose de 135 modules répartis sur 5 étages et comprend 102 chambres individuelles. Dans la perspective du démantèlement, Blumer-Lehmann a planifié des dispositifs statiques par anticipation, afin que la construction modulaire
en bois installée à Göschenen réponde dès le départ aux exigences les plus strictes d’un immeuble collectif. C’est pourquoi les modules peuvent être combinés comme on le souhaite, pour former un bâtiment d’un ou plusieurs étages. Les chapes supplémentaires et isolations contre les bruits de pas sont également déjà intégrées pour un plus grand confort de vie.

L’installation de l’ascenseur a exigé une précision extrême

A cela s’est ajouté un défi tout particulier, à savoir l’installation d’un ascenseur d’AS Ascenseurs dans le bâtiment Dammastock. «Pour nous, c’était passionnant de collaborer avec ces entreprises de planification et de construction innovantes», déclare Edy Stillhard, directeur des ventes d’AS Suisse orientale. Pour lui, il s’agit ici d’«ingénierie du plus haut niveau». L’ascenseur a été inséré par le haut dans la gaine en bois à l’aide d’une grande grue vers la fin du projet de construction. «Cette opération a exigé une précision extrême.» Edy Stillhard est visiblement fier du projet. «Nos produits ont un long cycle de vie. Avec son aspect durable, le projet est parfaitement en phase avec AS.» En effet, comme le reste du bâtiment, le SwissLift utilisé pourra également être réinstallé et remis en service à un autre endroit dans quelques années. «C’est le démantèlement soigneux qui représentera le plus grand défi. Il faudra pour cela beaucoup de doigté et d’expérience», souligne Stillhard. «Nos monteurs parfaitement formés mettront tout en oeuvre pour que l’ascenseur bénéficie d’une seconde vie, tout comme le bâtiment.»

Reste à savoir à quoi ressemblera cette seconde vie. Mais qu’il soit question de logements familiaux, d’auberge de jeunesse ou d’hébergement destiné à des collaborateurs, il est déjà indéniable que le Dammastock et les deux autres bâtiments de personnel offrent une valeur ajoutée bien audelà du projet de construction du tunnel. Et ce petit plus, les deux tunneliers Gianluigi Culturi et Mattia Dal Pozzo pourront un jour également en parler avec fierté à leurs petits-enfants.

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